
Je séjourne régulièrement sur l’Ile de Pré Britenne. Des jours durant à n’écouter comme info le matin que : le bruit du vent, les chants des oiseaux.
L’ile a une nature, une histoire, fabuleusement riches, que j’explore depuis des années avec d’autres peintres embarqués avec moi dans le recensement de ses trésors. Mais d’une manière plus traditionnelle, je réalise aussi des paysages sur le motif, avec mon chevalet solidement arrimé pour tenir bon contre les éléments parfois déchainés. J’aime représenter cela simplement : le bruit du vent, les chants des oiseaux. Mais aussi les nombreuses ruines qui se confondent avec le relief accidenté, témoin d’un passé tumultueux.
L’Ile de Pré Britenne est hospitalière. Elle serait aussi facile d’accès si elle ne présentait ce défaut rédhibitoire : elle est rarement signalée sur les cartes, parce que trop à l’ouest. Oui, on ne le sait pas assez, être trop à l’ouest peut conduire à l’invisibilité ou presque.
Rocailleuse, calme, silencieuse, telle est sa face nord. Venteuse jusqu’à l’ouragan, chaotique voire cataclysmique, telle apparaît sa face sud. Ou le contraire. Sur l’Ile de Pré Britenne, il arrive même qu’en se croyant à l’ouest, on perde le nord, quand ce n’est pas l’est qui ne l’est plus. Cette île occidentale accidentée désoriente, c’est dans sa nature.
Mais les habitués de l’Ile de Pré Britenne ne s’en plaignent pas. Pour ma part, j’y suis allé une première fois étant enfant, dans les années 60. A l’époque, il n’y avait ni eau courante, ni électricité. Et pas davantage aujourd’hui. C’est dans cette île que m’est venue l’envie de peindre.
Je dois aussi faire un aveu : j’ai toujours aimé faire des anagrammes, et j’avais noté que dans le nom « Ile de Pré Britenne », on trouvait les lettres du mot « liberté ». Et j’ai cherché quoi écrire avec les autres lettres. Et c’est ainsi que j’ai formé l’expression « Peindre en liberté » où, vous pouvez vérifier, l’on retrouve toutes les lettres de « Ile de Pré Britenne », mais disposées autrement.
Je n’aurais sans doute jamais peint de paysages s’il n’y avait eu ceux de l’Ile de Pré Britenne. Parfois paisibles, souvent tourmentés, toujours propices aux songes
P.S. : sur l’Ile de Pré Britenne, toute ressemblance avec la réalité serait purement fortuite.