Arrêter de peindre. Fermer les portes et les volets, partir en voyage.
Rester. Fermer la porte, peindre. Peindre jusqu’à l’oubli que l’on peint.
Ouvrir les portes. Recevoir, partager.
Peindre une grande toile généreuse et sombre, qui contient tout, même la clarté.
Cette clarté, cette lumière, la jouer, la perdre dans un labyrinthe et la retrouver dans une simple fleur en pot.
D’un souffle, libérer d’impalpables aquarelles, nanosecondes voletant dans le siècle.
Bâtir avec de l’air, et puis franchir les murs, facilement.
Baliser l’ombre pour rendre aux limites leur fugacité.
Réunir la vie et la mort pour qu’elles se parlent,
Osciller entre le vide et le plein : respiration.
Au bout de chaque oscillation, un temps d’arrêt hors de toute mesure.
Ramener à la surface tout ce qui est caché, et voir que rien n’est caché, qu’il y a tout mais qu’on n’a pas encore ouvert les yeux,
Accepter de ne pas comprendre. Le vivre comme une liberté.
La liberté d’être sans certitude, et de chercher encore.
Chercher l’ordre, et la cohérence. Trouver le hasard et le chaos. Et l’autre nom du hasard : l’inexpliqué. Et l’autre nom du chaos : l’inconnu.
D’autres noms encore qui conduisent après l’inexpliqué, plus loin que l’inconnu. Quelque part où ordinaire et merveille se rencontrent, juste à côté de là où mène la prière.
Et les mots ne disent pas tout, et l’énigme est belle. Alors, la peinture.
[A propos de la peinture de mon frère Pierre Desvaux, 4 juin 2008]