Dans une année, il y a trente-et-un millions et cinq-cents trente-six mille secondes.
Nous sommes tous millionnaires, si on compte en secondes.
Avec une telle fortune, on peut se permettre des dépenses insensées : personnellement, je consacre des centaines de milliers de secondes à étaler de la couleur sur des feuilles de papier, pour le simple plaisir de le faire. En d’autres termes, je fais des peintures. En m’autorisant cette dépense, je vis comme un nabab, à ma manière. Quand on y réfléchit bien, il existe quantité d’autres manières de passer son temps : de façon inutile, ou ennuyeuse, ou nuisible. On ne peut pas tout empêcher des choses pénibles, mais plus qu’on ne croit : la pratique de la peinture est une des manières que j’ai trouvé pour donner une saveur réjouissante à beaucoup, beaucoup de secondes.