Gérard Veillet, Pierre et Yves Desvaux, Alain Plouvier : quatre garçons qui, en 1974, créent une communauté d'artistes : les Chpeuneuneux. Des garçons sérieux, comme leur nom l'indique, si on arrive à se mettre d'accord sur ce qui signifie "être sérieux".
Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux.
Rire, que serait-ce pour une pensée ? Jouer, défaire les repères habituels, perdre à mesure ceux qu’elle tente de se constituer, découvrir que la vérité manque, décider que ce n’est pas terrifiant, continuer ainsi, s’amuser à inventer, persister à se désabuser, s’égayer de l’insondable profondeur de la bêtise, cesser de mépriser, courir courir courir, se laisser surprendre par ce qui advient, endurer sans grogner de ne rien connaître, ouvrir des parenthèses dans le temps, considérer les savoirs comme des curiosités exotiques, s’appliquer avec un infini sérieux à de petits riens, faire la guerre à l’ennui, la peur, l’hésitation, laisser de côté la mort et savoir qu’elle est là. Bref, des choses assez difficiles.
Mais aujourd'hui les quatre Chpeuneuneux ne sont plus que trois. Gérard nous a quittés.
Nous sommes tous des feuilles bientôt mortes. La conscience de cette fragilité peut être une force si l’on en convient.
Il n’y a aucune règle, ni justice, ni statistiques ni même de proverbe pour assurer le lendemain.
Il faudrait tout faire avec le sérieux d’un enfant qui joue.
Construction Chpeuneuneu : assemblage improbable d'éléments hétérogènes, mais qui tiennent debout le temps qu'il faut, ni plus, ni moins.
Toutes les joies humaines sont pauvres, il y a en nous quelqu’un qui, parfois, nous inspire à l’égard de nous-mêmes un amer sentiment de compassion.
Il est dans le monde des séparations, des maladies, des chagrins, des rêves irréalisables, des espérances sans lendemain, des sentiments inexprimables et inexprimés — et la mort.
Aussi douloureuse et triste que puisse être notre existence dans ce monde incompréhensible, celui-ci n’en est pas moins beau, et nous désirons passionnément y être heureux et nous aimer les uns les autres.
N’oublie pas de remercier sans cesse, - de l’accueil, des rires, de la tendresse, de l’amitié, de ces rencontres chaotiques et attachantes.