Nous vivons dans un pays riche et en paix. Nous faisons partie d’une fraction de la population dont les éventuels problèmes matériels ou autres sont bénins par rapport à ceux de la plus grande partie de la population du globe.
Nous pouvons cependant à tout moment être victime d’un accident, d’une maladie, d’un drame inattendu.
Mais aussi d’un bonheur inattendu.
Nous aimons la peinture. Regarder un tableau : ce qu’il montre, comment il est fait. On éprouve du plaisir avec cela. Il faut le chercher ce plaisir, au milieu de tant d’œuvres superflues ou indifférentes, mais on y arrive.
Et c’est plus facile, plus agréable que de chercher à survivre dans un monde violent, hostile ou pauvre.
Tout va bien. Des gens se battent pour survivre, d’autres sont riches et puissants et se battent aussi, pour être encore plus riches, encore plus puissants.
On peut aussi se battre pour être simplement plus sage. Recherche intéressée : si ça se trouve, un peu plus de sagesse apporte en plus… du bonheur. Tout bénéfice. Mais la sagesse n’est pas en vente libre dans les supermarchés, ni même dans les petites boutiques chics, pas davantage dans le marché de l’art. On en trouve où ? Dans les livres, dans l’art ? Honnêtement, j’ai cru parfois en trouver là, et j’ai remarqué que, quand j’en découvre chez un auteur et que je partage ma découverte, c’est le miracle : je partage, et ça m’en fait plus. Mais de quel genre de sagesse s’agit-il ? Si une peinture me procure ce même bonheur qu’être allongé dans l’herbe un jour d’été en regardant les nuages, alors cette peinture est belle, donc sage. Si un texte me procure la même sensation qu’un regard affectueux échangé avec un ami, ça marche aussi.
10 octobre 2004