"Approchez l'amour et la cuisine avec un abandon insouciant…"
J’ai lu ça quelque part et cela m’a plu. Cette association de deux mots et deux choses si différentes et si bien ensemble. A tel point qu’en moi-même, j’ai eu envie de continuer : Approchez l'amour et la peinture avec un abandon insouciant… Ou la peinture et la cuisine…
Il y a aussi l’abandon insouciant ? Ne pas oublier l’abandon insouciant ? Mais il ne faut pas que ça devienne un souci, de s’abandonner, car alors l’abandon ne sera pas insouciant. Et la peinture, là-dedans ?
La peinture, on y pense un peu, on en fait beaucoup. Là où un public profane ne voit que des images et des rythmes colorés plus ou moins agréables, un amateur averti perçoit des sensations plus profondes qui dépassent ce qu’on peut en dire, de même que deux amoureux ne peuvent l’être que l’un pour l’autre.
Le peintre et sa peinture parfois se rencontrent, et ça marche, ils vont bien ensemble. L’émotion de la peinture en train de se faire, toute la cuisine qui la prépare ; et l’émotion de la peinture finie et contemplée, les deux niveaux d’émotion se rejoignent, se succèdent, s’appuient l’un sur l’autre et recommencent. La peinture accordée à son peintre peut sortir de l’atelier, s’exposer, rencontrer d’autres personnes…
Quand nous peignons, nous sommes à la recherche de cette alchimie qui transforme une simple surface de papier ou de toile en objet de désir, d’émotion, de partage. Alchimie impossible à décrire de façon exhaustive. Et qui ne peut qu’être différente d’un peintre à l’autre. Les recettes que j’emploie, que j’écris et que je décris, si on peut parler de recettes, sont changeantes et forcément improvisées selon le lieu, le temps, les personnes qui vont les appliquer.
Quelles que soient nos connaissances, notre expérience, trois questions accompagnent la peinture que nous faisons :
Pour qui je peins ? Pour quoi je peins ? Pour où je peins ?
On ne se demande pas ce que nous allons peindre, ni comment. Ces deux autres interrogations, après la réponse aux trois questions initiales, nous guident naturellement vers leur solution. Avec un abandon insouciant.
4 septembre 2002