Il faut porter en soi beaucoup de chaos pour donner naissance à une étoile qui danse.
Il faut descendre jusqu’au chaos primordial et s’y sentir chez soi.
Marcel Duchamp, John Cage, Octavio Paz : il s’agit pour eux d’imiter la nature. Non pas, bien entendu, dans son apparence – effort du réalisme ingénu – mais dans son fonctionnement : utiliser le chaos, convoquer le hasard, insister sur l’imperceptible, privilégier l’inachevé. Faire alterner le fort, le viril, avec l’intermittent, le féminin. Théâtraliser l’ensemble des phénomènes. Oublier le reste. Mais le reste, il n’y en a pas.
L’attracteur étrange. Ordre imprévisible, impétueux, paradoxal, contenu dans le chaos.
Le danger, c’est la vie, pas autre chose. Ce qu’on appelle la vie est simplement un chaos d’existences qui se désagrège à chaque instant jusqu’à un point où le désordre initial recommence et se nourrit de l’insécurité et de la crainte pour recréer l’existence à chaque instant.
Le fond est le chaos où tout se trouve, à l’origine, confondu. La forme est ce qui organise le chaos et l’arrache à l’inexistence.
Le chaos, mot grec, signifiait paradoxalement à l’origine : ouverture et abîme, c’est-à-dire libération.
(...) Tout tableau défie l’insensé ou le chaos du visible, par désir de regard et de sens. Il fait événement dans un hasard de visibilité. Son défi est un coup de dés : le non-sens jamais aboli, après chaque coup on recommence.