À Paris, on a perdu toute son éducation, toute sa politesse, sa finesse, tout son esprit, il ne reste plus que l’intelligence des affaires.
J’ai rencontré des Tibétains qui proclamaient hautement que ceux qui les payaient [ pour les corvées obligatoires au service des voyageurs importants ] étaient de vulgaires petites gens ne méritant aucune considération. Les personnalités de marque, au contraire, bien loin de les payer, exigeaient des cadeaux, des vivres et leurs domestiques battaient ceux qui ne se hâtaient pas d’en fournir. C’est à cette conduite, disaient-ils, que l’on reconnaissait les gens dignes de respect.
Le business est la forme la plus haute de l’art. L’art des affaires est l’étape qui suit les affaires de l’art..
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Regardez bien la surface de mes tableaux : il n’y a rien derrière.
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Un jour, les musées seront des boutiques et les boutiques seront des musées.
Andy Warhol ? Il n’aurait pas existé sans mes films. Ses toiles valaient 500 $ en 1965. Aujourd’hui, elles en valent des millions. Vous croyez qu’elles sont devenues meilleures ? Non. Elles ont pris de la valeur parce que le nom d’Andy Warhol en a pris.
Robert Rauschenberg s’installa en 1986 à une sortie de métro sur la Cinquième avenue en y présentant ses gouaches au prix de 10 $ ! Il n’en vendit pas une seule, alors que, chez Sonnabend, signées, elles en valaient à l’époque 10000…
Le tourisme favorise le développement industriel d’une production artistique à fonction décorative. Il y a des hôtels de 800 chambres avec, à chaque étage, 4 grands tableaux abstraits dans le genre pseudo Rothko.
Si le Congrès américain votait subitement une loi supprimant les avantages fiscaux accordés aux donateurs, le marché de la peinture connaîtrait un krach désastreux.
Si l’Aârt contemporain nous emmerde puissamment (…), c’est d’abord parce qu’il n’a pas commencé par faire l’expérience de la gravité (masse et poids) d’une histoire ou d’une vie. Abstrait ou pas, matériologique ou illusionniste, ramasse-crottin du tout ou poche à vide, il flotte, misérablement, et vite s’évanouit sans laisser de traces autres que ces blocs ici-bas chus du désastre obscur de ce siècle : une boîte de soupe cabossée, là un urinoir, plus loin un barbouillis enfantin où passe fugitivement une ombre, un fantôme, une figure qui ne s’est pas donné le temps (coupables impatients !) de vouloir le temps, la dimension sans fond du temps.
L’art contemporain ne restitue plus à la société que ses lacunes.
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L’art a pris le masque d’une sorte de délinquance autorisée, de marginalité conformiste.
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Le secret vide et les artifices employés pour dissimuler ce qui n’existe pas. L’art ramené au niveau d’un analphabétisme pompeux, d’une culture dégénérée au point de se nourrir de ses propres déchets. Le rien à l’œuvre et sa mainmise sur l’art où il veut rendre sa nullité présente.
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Sans doute un manque profond de personnalité peut-il seul déterminer de tels appétits d’exhibitionnisme, axés sur les extravagances pathologiques de la conscience, signes individuels du déclin collectif de l’intelligence.
Tels sont les inconvénients de l’esprit commercial. Les intelligences se rétrécissent, l’élévation d’esprit devient impossible. L’instruction est méprisée ou du moins négligée et il s’en faut de peu que l’esprit d’héroïsme ne s’éloigne tout à fait. Il importerait hautement de réfléchir au moyen de remédier à ces défauts.
Je l’admirais. Tout l’Occident était là, dans cette hypocrisie extatique pour un veule barbouillage où il fallait voir du génie. Ce mensonge partagé était leur contrat social, leur mot de passe mondain, leur non-conformisme bien-pensant.
Il y a ceux qui veulent habiter le monde de l’art, et il y a ceux que l’art habite.
L’ARGENT
Il peut acheter une maison, mais pas un foyer
Il peut acheter un lit, mais pas le sommeil
Il peut acheter une horloge, mais pas le temps
Il peut acheter un livre, mais pas la connaissance
Il peut acheter une position, mais pas le respect
Il peut payer le médecin, mais pas la santé
Il peut acheter du sang, mais pas la vie
Il peut acheter du sexe, mais pas l’amour