Un tableau selon moi ça ne bouge pas, ou si peu : un rayon de soleil déplace avec douceur les lignes d’une composition, tout désordre est chassé, l’ordre est serein. Du calme et puis un bref moment d’exaltation, joyeuse. Un tableau en train de se faire. Le recueillement devant lui où je mets tant d’intentions, avec attention. Et cette humilité rafraîchissante de peindre avec soin juste, juste avant la ponctuation d’un geste brut sur la toile, un coup de force affectueux. Étape après étape, par des chemins longs et paisibles ? Inconnus et imprévisibles ? … Mes peintures se construisent. Parfois, c’est pour une personne que sans le savoir, sans qu’elle le sache, j’ai peint ce tableau-là, ou celui-là. Mais cette personne, où est-elle ? Qui est-elle ? Comment la rencontrer ?
Texte : décembre 1995, exposition à l’Espace Beaujon.
Opium et encens, acrylique sur toile 130 x 89 cm, n°0895, 02/1996 - Coll. François Lesur