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Eve Adam 24 - Tu ne racontes ça à personne

par Hélène Grenier 10 Mars 2021, 12:11 Ecriture Hélène Grenier Atelier d'écriture Autofiction

Le mot hébreu aroum qui signifie « rusé » veut dire aussi « nu ». Le mot hessed, qui signifie « générosité », signifie aussi « abomination ».

Henri Atlan, médecin et biologiste, professeur à Paris et Jérusalem, N.Obs hors-série « La pudeur », 01/2000

[Suite des souvenirs d'Eve Adam, en réalité Christine Adam, écrivant sous le pseudonyme d'Hélène Grenier.]

Eve Adam 24 - Tu ne racontes ça à personne

1973, souvenir de colo
Avec Nicole, Isabelle et Catherine, nous sommes parties animer une colonie de vacances. Cette colo se tient dans le Tarn, sous la direction du Père Monceau, un curé ami de mes parents. Quoique sans diplôme ni qualification, cela fait la quatrième année que nous y revenons, à titre quasi bénévole. Un souvenir marquant me reste de cette dernière colo.


J’ai déjà été témoin avec étonnement du comportement du Père Monceau qui, dès que l’occasion s’en présente à l’occasion d’un changement de tenue, n’hésite pas à se déculotter devant nous, en nous tournant juste le dos.


Ce jour-là, un grand jeu de piste est organisé, avec une nuit prévue sous tente dans les gorges du Tarn. J’accompagne une équipe de filles de douze à quatorze ans, en compagnie du Père Monceau. La journée se passe normalement. Quand vient le moment de planter les tentes et de répartir les couchages, puisqu’il n’y a pas de place ailleurs, le Père Monceau me désigne sa tente pour aller y dormir. Je suis étonnée et gênée, mais je ne vois pas comment faire autrement.


Je m’installe dans mon sac de couchage, il fait chaud, et le Père Monceau me rejoint quelques minutes plus tard. Il est agité, et se met à me raconter que, pendant la guerre d’Algérie, les soldats se massaient entre eux pour se détendre. Et il me propose de me masser. Naïvement, j’accepte, et je le laisse brièvement me masser les épaules et le dos. Puis le Père Monceau, par ailleurs extrêmement velu, me demande de le masser à son tour. Et il m’encourage : « tu peux descendre plus bas, tu sais. » Il se retourne sur le dos et dit « On serait mieux sans ça », en désignant son caleçon, « après tout, le Bon Dieu nous a fait comme ça. » Il se déshabille et me demande d’en faire autant… Etonnée, je m’exécute cependant. Le père Monceau est sur le dos, bande franchement et là, tout de même, je m’oppose : « J’arrête, ça ressemble à faire l’amour, maintenant ». Le Père Monceau se rhabille promptement « Tu ne racontes ça à personne, surtout. » Je n’ai pas l’intention de lui nuire et je n’en dirai rien. En moi-même, je pense que c’est une chance que j’ai eu mon premier contact sexuel avec un garçon juste le mois d’avant. Je n’aurais pas aimé que ce soit un curé velu et quadragénaire qui me déflore. J’ai aussi un peu de peine pour lui qui s’est mis dans cette situation embarrassante. Moi, j’ai vingt ans, je baigne depuis quatre ou cinq ans dans les idéaux libertaires et cet incident n’est qu’un motif d’étonnement dégoûté.

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