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Eve Adam 28 - Le problème

par Hélène Grenier 7 Avril 2021, 11:46 Ecriture Hélène Grenier Atelier d'écriture Autofiction

À quoi sert-il d’écrire un poème, d’achever un blessé, de bâtir une cabane ? À écrire un poème, achever un blessé, bâtir une cabane.

Louis Scutenaire Mes inscriptions (1943-1944)

[Extrait du journal intime d'Eve Adam, en réalité Christine Adam, écrivant sous le pseudonyme d'Hélène Grenier.]

Mercredi 19 février 1974

 

Se reposer, se calmer.

Comme d’habitude, maintenir l’ordre autour de soi.
Accumuler des règles une à une, lentement, pour bien les assimiler.
Ne pas avoir à y revenir.
Commencer par faire le point régulièrement, sur ses attitudes.
Puis s’efforcer d’avoir besoin de moins en moins souvent de ces arrêts récapitulatifs, qu’ils ne viennent pas manger trop de temps.


En résumé :

D’abord trouver le calme.
Ensuite le remplir convenablement.
Rechercher la lenteur.
Éviter la prolixité, les textes vastes et inutiles, concision.
Autour de moi, il faut que toute chose assume sa fonction.
Commencer par s’occuper des créations en cours.
Trouver l’équilibre entre l’entretien des choses achevées et l’élaboration puis la conclusion des choses en cours.
Que l’ordre recherché ne me stérilise pas.


En résumé :
Trouver le calme.
Le remplir convenablement de cette manière.
Continuation des œuvres en cours :
Entretien des œuvres achevées
Remises en cause peu fréquentes
Changement de calme, nouveaux projets, approfondissements.
Pas d’immobilité > le décor change (passe) > le suivre, pas d’immobilité, mais lents changements. Ne pas exclure les grands bouleversements.
Alors tout cela sera caduc.


En résumé :
Trouver le calme
Le remplir convenablement de cette manière
Continuation des œuvres en cours
Entretien des choses achevées
Lenteur des actes, ponctuée de bouleversements et d’oublis.


Hors-texte
Que signifie ces crampons que je pose tout long de mes journées ?
Comme si j’avais peur de glisser, de sombrer dans l’impuissance, de ne plus pouvoir écrire, dessiner, travailler, de ne plus pouvoir même manger et dormir, d’aller vers un coma conscient et plein de remords.

Actuellement, je dois mener ma barque toute seule, toujours, personne ne pourra jamais vivre à ma place.

Voilà le fond du problème. Il faut se surveiller sans cesse pour ne pas tomber. Je dois me garder d’un excès de raideur en face de ça qui pourrait me perdre. Souplesse. Équilibre. Pas trop d’introspection.

Une des données à connaître pour trouver le calme.


En résumé du hors-texte :
Connaître les raisons qui me font écrire et tenter de suivre ces règles.
En être bien consciente.
Me détendre.
Ces mots sont crispés. Je le sais. Je ne sais pas si je le sens assez.
Cela rejoint le calme


Jeudi 27 février 1974


Prolixité, bien-être
Premier bilan de l’application des règles édictées précédemment : j’ai laissé tomber l’attitude qui me les faisait écrire, ça a parfaitement marché, je me suis remise au travail, voilà l’essentiel, et je me sens calme et détendue, bref tout va bien. La perspective de revenir à Ardaven, plus de quinze jours en mars, et définitivement à la mi-mai, qui commence à se faire plus palpable, tout ça vient à point.


Logiquement, j’aurais dû maintenant cesser d’écrire ici, mais d’une part, j’écris à des moments perdus, irrécupérables, et ça m’occupe ; et d’autre part, j’ai toujours aimé rougir du papier, alors pourquoi pas ? D’autant plus que j’ai acheté à grand frais un cahier de trois-cents pages qu’il n’est pas question de mettre au rebut !


Je devrais en profiter pour « raconter une histoire » expression plus appropriée « qu’écrire une nouvelle ou un roman ». Toujours dans les mêmes moments perdus irrécupérables, mais dans ces moments-là, je n’ai pas l’esprit absolument libre. J’essaierai. Ou bien des textes très courts, pourquoi pas. Dix minutes de tension, un texte sublime, rien de moins.


Quand trouverais-je trois mois absolument libres, libres pour écrire, pourquoi pas, un grand roman de taille et de poids, la dimension que j’aime.


Mais écrire quoi ? Je n’ai rien vécu de sensuel ou de dramatique, c’est le problème.

Episode précédent : L'enjolivement des souvenirs
Prochain épisode : L’impréparation avec de l’enthousiasme 

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